LA MEMOIRE DE L'ESCLAVAGE COMME MATRICE DE L'HISTOIRE ANTILLAISE : UNE LECTURE CROISEE DE "LE QUATRIEME SIECLE ET TEXACO"
DOI:
https://doi.org/10.5281/zenodo.17370364Keywords:
Mémoire de l’esclavage, Trauma, Créolisation, Spectre, Contre-histoireAbstract
Cet article propose une lecture comparée de Le Quatrième Siècle d’Édouard Glissant et de Texaco de Patrick Chamoiseau en examinant la mémoire de l’esclavage comme matrice de l’histoire antillaise. Au-delà d’une perspective purement historique ou postcoloniale, l’étude intègre une approche psychanalytique, en particulier à travers les concepts de trauma, de mémoire refoulée et de fantôme. La mémoire de l’esclavage y est envisagée comme une blessure transgénérationnelle, transmise par les silences, les récits fragmentaires et les rêves. Dans Le Quatrième Siècle, la lignée des Longoué et des Béluse tente de réinvestir une généalogie occultée, inscrite dans des espaces de résistance (les mornes) et dans une temporalité onirique, marquée par l’hallucination et la hantise. Glissant développe ainsi une « mémoire opaque » qui relève davantage de l’inconscient collectif que de l’archive. Chez Chamoiseau, la figure de Marie-Sophie Laborieux incarne une mémoire communautaire où le trauma initial de l’esclavage est intégré dans un processus de réécriture identitaire. Le quartier Texaco devient le lieu d’une reconstruction symbolique du moi collectif, analogue à une cure psychanalytique où la parole libérée agit comme catharsis. Les récits oraux, les écritures discontinues et les voix spectrales forment un tissu narratif où le passé, loin d’être dépassé, hante et structure le présent. Ainsi, la littérature antillaise, dans sa poétique de la créolité, propose une forme de traitement du trauma colonial par le récit, le mythe et l’imaginaire.
This article offers a comparative reading of Le Quatrième Siècle by Edouard Glissant and Texaco by Patrick Chamoiseau, examining the memory of slavery as a foundational matrix of Antillean history. Moving beyond a purely historical or postcolonial perspective, the study incorporates a psychoanalytic approach, particularly through the concepts of trauma, repressed memory, and ghost. The memory of slavery is interpreted as a transgenerational wound, transmitted through silences, fragmentary narratives, and dreams. In Le Quatrième Siècle, the Longoué and Béluse lineage attempts to reclaim an occluded genealogy, inscribed in spaces of resistance (the mornes) and in a dreamlike temporality marked by hallucination and haunting. Glissant thus develops an “opaque memory” that pertains more to the collective subconscious than to any archival record. In Chamoiseau’s Texaco, the figure of Marie-Sophie Laborieux embodies a communal memory in which the foundational trauma of slavery is integrated into a process of identity rewriting. The Texaco district becomes a symbolic site for the reconstruction of the collective self, akin to a psychoanalytic cure where the liberated word acts as catharsis. Oral narratives, discontinuous writing, and spectral voices form a narrative fabric in which the past far from being overcome haunts and structures the present. Thus, Antillean literature, through the poetics of creolization, offers a form of working through colonial trauma via storytelling, myth, and imagination.
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